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Les journées où je chante

Publié: 17 juillet, 2011 dans Réflexions

Ce matin, c’est une journée où je chante.Il y a aussi des matins où je compte, mais jamais les deux en même temps.

Certains matins, quand je prends une marche, le rythme de mes pas sur le sol activent un compteur autonome dans ma tête. Çà ne m’empêche pas de penser à autre chose, mais ce compteur continue, comme une tâche d’arrière-plan: « 45,46,47 ». Avec un peu de concentration, cela cesse, mais dès que mes pensées recommencent à vagabonder, voilà que le compteur redémarre.

D’autres matins, c’est une chanson qui tourne en boucle dans ma tête, en tâche de fond. Ce matin, je me suis éveillé avec en tête la chanson de Patrick Bruel « Qui a le droit ». Tout le long des 10 kilomètres parcourus, elle a tourné en boucle. Heureusement, j’aime bien cette chanson.

Les journées où je chante, je me sens plus créatif. J’en déduis que c’est relié au côté du cerveau gauche (organisé) ou droit (créatif) qui est prédominant ce jour-là.   Est-ce que je seul comme ça ou si çà vous arrive également?

Je ne sais trop comment je me suis retrouvé là.

D’habitude, je m’endors presqu’instantanément, mais au cours de mes vacances, je me suis couché à des heures variables, alors il m’arrive de prendre un peu plus de temps pour m’envoler vers le pays des rêves. De pensées en pensées, je me suis, un peu par hasard, retrouvé sur le sentier des douleurs et j’ai revisité certaines blessures infligées au cours de ma vie. J’ai été alors un peu étonné de constater à quel point elles étaient encore si vivantes, si douloureuses, alors que dans bien des cas, elles pourraient pourtant paraître anodines aux yeux d’un autre individu.

Plus jeune, je n’étais pas tellement doué pour les sports, en général. Je ne l’ai découvert qu’une fois à l’école, parce qu’avant, je jouais avec les voisins du quartier et je me sentais comme tous les autres. Une fois à l’école, j’ai constaté que j’étais moins habile que la moyenne, sur des patins, avec un ballon, une balle de sorte que je me suis toujours retrouvé dans les derniers choisis lorsqu’on formait les équipes. Vous savez comment çà se passe: Habituellement, le prof d’éducation physique choisi les deux élèves les plus forts du groupe et les nomme chefs d’équipe. Il leur demande ensuite, à tour de rôle, de choisir leurs joueurs. Fatalement, voulant gagner, ils choisissent alors d’abord les meilleurs joueurs potentiels jusqu’à ce que tous se retrouvent dans une équipe ou dans l’autre. J’ai toujours trouvé cette sélection humiliante et juste d’y penser me ramène très clairement en mémoire comment je me sentais.

Heureusement, je réussissais bien dans les autres matières, alors çà compensait pourrait-on dire. Une année, j’étais même devenu ami du grand sportif de ma classe. Lui, c’était les autres matières qui lui causaient des difficultés, alors nous formions une sorte d’équipe compensatoire. Je l’aidais dans les autres matières et lui, me choisissait (parfois au premier tour) lorsque les équipes sportives étaient formées. Ce fut plaisant, cette année-là, mais je ne me faisais pas d’illusion pour autant.

En me remémorant ces moments, je me suis mis à penser à quel point cette simple situation ravivait une douleur, là, juste sous le plexus, un sentiment de rejet, qui ne guérira sans doute jamais. J’ai ensuite poursuivi sur le même sentier, revisitant toutes ces douleurs enkystées, ensevelies qui ont parsemé ma vie. Drôle de randonnée, direz-vous, c’est vrai. Je n’emprunte pas ce sentier très souvent, du moins pas délibérément, mais je suis conscient qu’il a eu beaucoup d’influence sur mon parcours et sur ma personnalité.