Articles Tagués ‘santé’

Le chant des cigales

Publié: 18 Mai, 2024 dans Écriture
Tags:

Séparé de son médecin par un bureau en bois massif sur lequel figure un écran d’ordinateur et une pile de dossiers médicaux, Josuah s’adresse à celui-ci, qui, bien calé dans sa chaise de cuir noir, le regarde calmement par-dessus ses lunettes de lecture à large monture.

– Depuis longtemps Docteur, j’entend en permanence un bruit de fond, semblable à celui des cigales qui chantent en forêt à la tombée de la nuit et bien que ça ne m’inquiète pas outre mesure, c’est un peu dérangeant et je me dis que c’est peut-être aussi le symptôme d’une maladie. Qui sait, héhé, j’ai peut-être de vrais insectes dans la tête. Vous en pensez quoi?

– Vous avez probablement simplement des acouphènes. C’est un problème assez fréquent.

– Des acouphènes…Ah bon…et c’est dangereux?

– Non, enfin ça dépend des cas. Les vôtres ne semblent pas si fortes, puisque vous parlez de cigales qui chantent, mais pour certains, ces bruits fantômes résonnent aussi fort qu’un avion supersonique décollant près de vous. Ça peut être très invalidant.

– Aie, un avion supersonique…Ouf… Est-ce que ces acouphènes pourraient être le signe ou le symptôme d’une maladie?

– Non, enfin, très rarement. Il y a bien la maladie de Ménière qui peut s’accompagner d’acouphènes, de même que ceux qui sont sujets à de fortes migraines, mais de façon générale, elles sont provoquées par une activité anormale du cortex auditif résultant d’une exposition antérieure à un traumatisme sonore. Vous les avez depuis longtemps dites-vous?

– Ah oui, depuis aussi loin que je me rappelle. Ado, je me croyais doté d’une capacité hors norme à percevoir les sons inaudibles à la plupart des gens. J’étais ainsi persuadé d’entendre l’électricité circuler à l’intérieur des murs. Puis, un jour, alors que j’étais parti chasser en forêt, la vérité m’a frappé quand j’ai réalisé que j’entendais l’électricité circuler dans les arbres. Vous comprenez l’ironie de la situation?

– Oui, bien sur, bien sur…Si, par ailleurs, vous pratiquez la chasse avec une arme, il est possible que ce soit les coups de feu répétitifs qui soient à l’origine de vos acouphènes, en ayant endommagé votre audition. C’est assez fréquent chez les chasseurs.

– Ah, ce serait donc ça!

– Il faut comprendre comment fonctionne le système auditif humain: C’est un mécanisme à la fois complexe et fragile. Pour vulgariser la chose, imaginez un peu des milliers de petites cellules cillées qui tapissent une partie particulière de votre oreille interne et où chacun de ces petits cils est programmé pour vibrer à un son ou du moins à une micro-fréquence spécifique. Vous me suivez?

– Oui, ça va. De minuscules cils qui répondent à une fréquence sonore…

– Exactement. Donc, sur détection de cette fréquence, la cellule réagit en envoyant un signal au cortex auditif, qui se charge d’analyser la somme de tous les signaux reçus durant une période donnée, les interpréter et leur donner un sens en se basant sur notre mémoire auditive. Vous comprenez?

– Oui, je comprend. Le cil ou enfin la cellule cillée détecte une fréquence et relai le signal au cerveau qui lui donne un sens.

– Voilà. Et quand une de ces cellules auditives est endommagée, elle perd de façon temporaire ou permanente sa capacité à détecter sa fréquence. Lors d’un traumatisme sonore relativement important, il se produit malheureusement parfois une sorte de court-circuit et le signal, sans qu’aucun son ne soit entendu, est tout de même envoyé en continu au cortex auditif, ce qui provoque un bruit fantôme. C’est cela que sont vos acouphènes.

– D’accord, je vois. Et alors peut-on réparer ce court-circuit?

– À l’heure actuelle, il n’existe malheureusement pas de traitement médical permettant de réparer les cellules cillées qui ont été endommagées et il n’existe pas non plus de médicament permettant de bloquer le message en continue. Au mieux, il y a des quelques techniques qui permettent, dans certains cas, de réduire l’impact de ces acouphènes, en leur surimposant un bruit blanc ou alors, par des techniques rappelant l’hypnose de réduire l’impact négatif que ces bruits fantômes provoquent. Je peux vous référer à un audiologiste qui vous fera passer un test auditif complet et nous aurons alors l’heure juste. Est-ce que ça vous convient?

– Heu, oui, d’accord, je veux bien.

– D’accord, alors voici une requête pour voir un audiologiste. Ils communiqueront avec vous dans les prochains jours pour vous céduler un premier rendez-vous.

– Merci Docteur.

En quittant le bureau du médecin, Joshua était à la fois rassuré et déçu. Rassuré de n’avoir aucune maladie grave, enfin, probablement pas, mais déçu qu’il n’y ait pas de moyen de faire disparaître complètement ces chants de cigales dans sa tête qui l’empêchent d’entendre le vrai silence. De son petit doigt, il se gratta l’intérieur de l’oreille qui le chatouillait. Ça le fit sourire, quand il lui vint l’idée que ça devait être la cigale, qui dansait maintenant dans son oreille. Cette partie de la fable de La Fontaine lui revint en tête:
[…]
– Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
– Vous chantiez ? j’en suis fort aise.
Eh bien! dansez maintenant.

Frissons

Publié: 6 avril, 2024 dans Écriture, santé
Tags:

Pour l’atelier d’écriture d’Alexandra K, en s’inspirant d’une photo, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@Cami

En sortant de la douche, ce matin, alors qu’une fine buée recouvrait encore une partie du miroir, Sandrine s’était regardée de haut en bas, comme le font souvent les jeunes filles et un peu à la blague, avait demandé à haute voix: « Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle! ». Et alors, aussi incroyable que ça puisse paraître, son reflet lui a répondu très clairement: « Mais, Sandrine, c’est toi la plus belle! ». Une terrible peur s’était aussitôt insinuée en elle, alors que son reflet continuait à lui sourire avec cet éclat inquiétant dans les yeux. En panique, Sandrine quitta aussitôt la salle de bain, s’habilla en vitesse et décampa, laissant derrière elle son logement qui était peut-être maintenant hanté. Avait-elle activé, ou appelé une entité maléfique d’un autre monde? Était-ce une hallucination? C’était pourtant si vrai, si réel. Avait-elle été frappée par une psychose, un délire paranoïaque, voire une crise de schizophrénie?

Elle marcha sans but dans les rues de la ville, comme on fuit, à pas rapide, la tête basse et surtout sans oser regarder directement son reflet qui la suivait de bâtiment en bâtiment à travers la surface vitrée des commerces. Elle aboutit bientôt dans une impasse, au bout de la rue, face au fleuve, en bordure du port et décida de faire une pause pour réfléchir, en s’assoyant un instant, frissonnant de froid et de peur. Elle resta là un temps, puis deux, puis longtemps, sans trop porter attention au mouvement des navires ou aux cris des goélands, alors que les heures passaient. Le jour tomba doucement et avec lui, apparu son reflet au travers de la clôture vitrée devant elle.

Elle osa jeter un œil, craintive et son reflet lui sourit en disant: « Tu devrais rentrer à la maison Sandrine, tu vas prendre froid ».

Le lait de brebis

Publié: 21 octobre, 2023 dans Écriture, Expérience nouvelle
Tags:

En s’inspirant d’une courte phrase de l’atelier d’écriture d’Entre2Lettres, laisser libre court à son imagination.

La phrase de départ est la suivante:

 » Si votre mari n’obéit pas, faites-lui boire du lait de brebis, il sera vite assagi ! « 
Ce fut radical, sauf que l’influenceuse n’avait pas tout dit…

– « Le lait de brebis a des propriétés calmantes, c’est bien connu, surtout quand on le boit chaud et qu’on y ajoute un soupçon de miel. On recommande d’ailleurs à ceux qui ont des problèmes de sommeil d’en prendre un verre avant d’aller au lit. On attribue cette caractéristique à une molécule de cytoplasmose présente en forte quantité dans le lait de brebis. Elle affecte le lobe frontal qui gère les comportements sociaux, favorisant l’harmonie et la prépondérance à s’adapter naturellement aux mouvements de proximité. Suivre le troupeau est une expression qu’on entend souvent, très présente chez le mouton et qui découle de cette caractéristique. Cependant, chez les humains, certains individus ont une très rare variation génétique qui les rend hypersensibles à cette molécule. Moins de vingt personnes ont été identifiés avec cette caractéristique génétique à travers la planète au cours de dix dernières années. Lorsqu’ils ingèrent cette molécule, notamment en buvant du lait de brebis, elle ralenti tout leur système nerveux à un point tel que leur battement cardiaque peut aisément descendre sous une fréquence de vingt par minute, ce qui va alors asphyxier peu à peu le cerveau et provoquer des lésions irrémédiables menant l’individu à un coma végétatif. « 

Le Dr. François expliquait ainsi à Simone, pourquoi son mari s’était effondré, quelques minutes après avoir consommé un verre de lait de brebis qu’elle lui avait fait prendre dans l’espoir qu’il se calme et qu’elle puisse plus facilement lui faire comprendre l’importance de ramasser ses chaussettes plutôt que constamment de les laisser traîner au sol.

– Sur TikTok, on disait pourtant que c’était très efficace et sans danger, répliqua Simone, se sentant terriblement coupable et cherchant un moyen de diluer sa culpabilité.

– Je suis désolé, madame, mais de nos jours, il ne faut surtout pas croire tout ce qu’on lit sur les médias sociaux.

Pensée du 17 juillet

Publié: 17 juillet, 2023 dans Pensée du jour, philosophie
Tags:,

Pétales au vent

Publié: 1 avril, 2023 dans amour, Écriture, famille
Tags:, ,

Pour l’atelier d’écriture d’Alexandra. En s’inspirant d’une photo de Johannes Plenio, écrire un court texte, juste pour le plaisir d’écrire.

@ Johannes Plenio

Parfois vers la fin, il ne reste qu’un tout petit peu de nous. D’une fleur éclatante au zénith de ta vie, tes pétales ont peu à peu perdu de leur vitalité, se sont fanées, desséchées, refermées sur elles-mêmes et transformées jusqu’à n’être plus qu’un brouillard qui s’accroche aux nuages. Et puis d’un souffle, d’un simple coup de vent, elles t’ont quitté, ne laissant plus qu’une tige maigre et dénudée.

Dans tes yeux, dans ce regard un peu vide qui ne me reconnait plus, tu sembles chercher un lien dans les recoins de ta mémoire partiellement effacée, te disant que tu as sûrement vu ce type quelque part, mais quand et où, pas moyen de mettre le doigt dessus. Ta personnalité, ton rire et tes histoires ont pris le vent et se sont dispersés de par le monde où elles se poseront doucement ici et là, redonnant vie à d’autres souvenirs qui raconteront la fleur que tu étais.

Suicide involontaire

Publié: 12 septembre, 2010 dans Réflexions, Société
Tags:, , , ,

Le Dr Ryke Geerd Hamer est un médecin allemand ayant proposé une explication et surtout un traitement controversé de plusieurs formes de cancer.

Selon le Dr Hamer, un choc émotionnel intense est très souvent à l’origine du cancer. Ce choc traumatique auquel on ne serait pas préparé émotionnellement serait responsable de l’apparition de la maladie. Le Dr Hamer a été poursuivi en justice et emprisonné, pour avoir suggéré à certains patients de refuser la chimiothérapie. Selon lui, il faut surtout s’attaquer à comprendre l’évènement traumatique et lui donner un sens, plutôt que de s’attaquer aux symptômes. Ce sont ses propres expériences du cancer qui l’ont amené à explorer cette voie.

En 1978, le Dr Hamer développe un cancer des testicules, quelques mois après avoir perdu son fils, tué accidentellement par balle, par le Prince d’Italie. Il s’était, par la suite, interrogé sur les liens possibles entre cet évènement traumatique et l’apparition de son cancer. Médecin, traitant déjà plusieurs patients souffrant de cancer, il les a donc interrogé, pour tenter d’établir un lien entre leur cancer et un choc traumatique inattendu dans les mois précédant l’apparition.  Non seulement, découvre-t-il que ces chocs ont bien eu lieu, mais il réalise également qu’il existe un lien entre le type de choc traumatique et l’organe atteint par la maladie.

Au Québec, l’humoriste Pierre Légaré a souffert d’un cancer très avancé de la vessie. Il en parle d’ailleurs dans cette entrevue diffusée sur tou.tv.  Les médecins lui avaient même annoncé sa mort prochaine. Or, ayant pris connaissance des recherches du Dr. Hamer et ayant également compris l’origine de son cancer, il a miraculeusement guéri. Aujourd’hui, il n’y a plus aucune trace de son cancer.

Je vous parle de cela aujourd’hui, en pensant au Ministre Claude Béchard, décédé d’un cancer du pancréas il y a quelques jours. En juin 2008, Claude Béchard avait annoncé publiquement qu’il souffrait d’un cancer et que débutaient des traitements. Or, en mai 2008, Claude Béchard perdait son attachée politique, Nancy Michaud, laquelle était cruellement violée et assassinée.

Ayant récemment eu du sang quatre jours de suite dans mes selles, je me suis inquiété et j’ai communiqué avec mon médecin de famille (eh oui, j’en ai un. Chanceux!).

Elle m’a dit que je devrais aller voir un gastroentérologue, m’a signé un papier et m’a donné un numéro de téléphone.

J’ai ensuite tenté de joindre le bureau en question, tombant immanquablement sur une boîte vocale où on me disait: « Veuillez nous laisser vos coordonnées, la nature du problème et nous vous rappellerons selon les priorités. Le temps d’attente est de 3 mois à 2 ans ».

2 ans!!!!!! Ça m’a fait rigolé. C’est complètement ridicule d’attendre 2 ans pour avoir un rendez-vous avec un spécialiste. Ça m’a fait penser à l’Ex-URSS où les gens devaient faire la file à la porte des épiceries dans l’espoir d’y trouver quelque chose ou attendre 2 ou 3 ans pour recevoir leur voiture une fois qu’elle a été commandée. On rejette le système à deux vitesses, privé et public, de crainte que ça crée deux classes de citoyens. On se contente alors d’un système où tout le monde est égal, ce qui veut dire « mal servi », dans bien des cas.  Le client est bien traité dans le système de santé, le seul problème, c’est que le client n’est pas le citoyen, mais plutôt le Gouvernement.

On dépense des sommes folles et il semble qu’elles ne se rendent jamais jusqu’au premier niveau, là où les services sont donnés à la clientèle. Cet argent s’évapore quelque part, dans les structures d’un système obèse, ajoutant de plus en plus de chefs et de moins en moins d’indiens. Si la santé représente 30% des coûts du Gouvernement, ça signifie aussi que 30% des impôts que je paie servent au secteur de la santé. Comment se fait-il qu’on ait alors si peu de service pour tant d’argent?

J’ai finalement cherché une clinique privée sur internet. On était lundi. J’appelle, demandant à voir un gastroentérologue et pouvoir passer une coloscopie.

– « C’est $500 pour une coloscopie », me répond la dame. Ce montant ne peut être réclamé à l’Assurance-santé. Vous comprenez?

– Oui, je comprend.

– « Quand êtes-vous disponible? » me demande-t-elle?

– Dès que possible.

– J’ai de la place jeudi de cette semaine, est-ce que ça vous convient?

– Heuuu, (j’étais un peu pris au dépourvu), en fait non, j’ai un examen à l’université jeudi.

– Quel moment vous conviendrait mieux alors?

– N’importe quand la semaine prochaine.

– J’ai une place lundi à 13h avec le Dr. Szego, est-ce que ça vous convient?

– Oui, oui, tout à fait.

– Donnez-moi vos coordonnées et je vous enverrai par courriel la procédure concernant la préparation pour la coloscopie.

– D’accord.

– Est-ce que je peux faire autre chose pour vous?

– Non, c’est parfait.

– Si vous avez des questions, n’hésitez pas à communiquer avec moi.

Wow, ça c’est du service, me dis-je. J’ai finalement été passé le test lundi et j’ai eu mes résultats la journée même. Heureusement, rien de fâcheux, j’ai été rassuré, d’autant qu’il y avait un historique familial lié au cancer du colon. Ces $500 étaient en un seul montant. Pas de taxes ajoutées, pas de frais pour l’ouverture du dossier, stationnement inclus, de même que le jus et le muffin après l’examen. Dans la salle où j’ai enfilé la jaquette d’hôpital, on trouvait un casier pour y mettre les vêtements en sécurité, avec une clé que l’on pouvait porter au poignet. Plus convivial que le sac de poubelle jaune qu’on m’avait offert à l’hôpital la dernière fois et que j’avais dû amener avec moi.

La différence fondamentale, c’est de savoir qui est le client. Quand je vais au privé, je suis clairement le client. On prend soin de moi, puisque c’est moi qui paie. Au public, le client, c’est d’abord le Gouvernement. On fait alors les efforts pour répondre à ses demandes, quitte à sacrifier la qualité des services sur le terrain et à laisser les répondants de première ligne avec peu de ressource et leur demander de faire avec.

Les fleurs n’apparaissent pas spontanément, à moins de les acheter en pot et de les transplanter dans son jardin.

Nous vivons dans une société du résultat instantané. On veut tout, tout de suite. La carte de crédit en est un exemple éloquent. Elle permet d’acheter maintenant un truc, même si on n’a pas encore les moyens de se le payer. »Acheter maintenant, payez plus tard ». C’est la notion du tout de suite qui compte. Or, cette approche va complètement à l’encontre des lois naturelles. Darwin a bien tenté la théorie de la génération spontanée, mais elle n’a pas tenue la route bien longtemps. Les fleurs sont d’abord plantées en terre et par petits changements minuscules, elles progressent, grandissent, franchissent le niveau du sol et s’élèvent vers le ciel en brandissant leurs couleurs.

Vendredi dernier, en zappant, je suis tombé sur l’émission Big Brother où Anne-Marie Losique était invitée. J’ai eu un choc en la voyant. Elle semble avoir été refaite en entier, botoxée, gonflée et remontée. On la reconnaissait à peine, elle semblait même porter un masque. Encore une fois, on assiste à un rejet du changement progressif. Elle a sans doute voulu redevenir « tout-de-suite », celle qu’elle était autrefois, sans vraiment y parvenir finalement, puisque le résultat est assez douteux.

Ne pas accepter de vieillir est presque normal, je dirais. Quand on voit les rides apparaître, les cheveux grisonner, quand les kilos s’additionnent, on se retrouve parfois avec une image de soi qui ne cadre plus avec celle que l’on a en tête et ça donne envie de changer les choses. Ici, en fait, il y a deux éléments. D’une part, il y a la notion du changement brusque et instantané qui est généralement nocif pour le corps et il y a la notion d’acceptation de l’ordre naturel des choses.

En janvier dernier, après avoir constaté que j’avais 5 livres de plus que mon poids habituel, j’ai eu envie de changer les choses. Depuis 3 mois, je marche donc de 4 à 5 km, à tous les matins, en me levant, suivi d’une session de push-up et de redressements et progressivement mon corps s’est transformé, sans efforts intenses. Je monte également les 10 étages à tous les matins au travail. Progressivement, voilà le mot qui décrit bien les choses. Je ne pense plus « transformation », mais « plaisir ». J’ai du plaisir à marcher à tous les matins et passant devant le miroir ce matin, je me suis dit « Ah ben tiens, j’ai changé! ». Je me souviens d’un ami qui voulait se remettre en forme et qui s’est mis à un entraînement si intensif qu’on aurait cru qu’il voulait entrer sans les Marines. Il s’est finalement blessé et a cessé son entraînement. Un collègue, au travail, a aussi voulu utiliser l’escalier, mais il le faisait 3 fois par jour, en montant et en descendant. C’est finalement devenu tellement exigeant qu’il a abandonné.

« Progressivement »,  est la méthode qui me paraît la plus efficace et plus conforme à notre univers. La génération du tout-tout-de-suite va surtout à l’encontre de la pérennité. Ça ne dure pas. Quand on fait les choses progressivement, on leur donne le temps de vraiment prendre racine.

Une fleur qui a poussé lentement, fera face au vent avec beaucoup plus d’aplomb qu’une fleur en pot transplantée dans un jardin. Comme le disait Danny Laferrière, à Haïti, les bâtiments sont tombés, mais les fleurs sont restées debout.